Cinema Improbable

Rec

Notation 7/10

Rec est un film d'horreur espagnol style found footage réalisé conjointement par Paco Plaza et Jaume Balagueró en 2007. Avec un faible budget (1,5 millions $) il reçut un bon accueil du public avec 96% sur Rotten Tomatoes et un box-office avoisinant les 32 millions.

Premier film de la saga Rec, il est étonnement court avec ses 75 minutes.

Synopsis : Le film démarre in medias res sans aucune introduction ; nous suivons les traces d'une jeune journaliste chevronnée qui anime son émission "pendant que vous dormez". Ce soir là elle se glisse avec son cameraman préféré dans une caserne de pompier afin de participer à une de leurs interventions. L'occasion arrive rapidement, et tout le monde s'embarque dans le camion dans une atmosphère grisante.

Le groupe arrive au lieu en question, un immeuble classique où les locataires affolés dans le hall ont entendu d'affreux cris venant d'un appartement. Les pompiers grimpent plutôt sereins avec des policiers déjà sur place, pour se retrouver face à une mamie tarée, qui après quelques palabres arrache brusquement la carotide d'un flic avec les dents. Paniqués, ses collègues cherchent à l'emmener à l'hôpital de tout urgence, mais les issues de l'immeuble sont soudainement bloquées par les forces de l'ordre (ça commence à sentir le sapin). Nos personnages flottent dans une incompréhension totale tandis que l'attente se prolonge et les blessés se multiplient. Finalement un «spécialiste» se pointe en hazmat pour effectuer un soi-disant contrôle sanitaire ; les occupants de l'immeuble exigent une explication, et une théorie d'un virus agressif commence à germer dans le scénario...

Les survivants comprennent alors qu'ils n'ont aucune chance de sortir par la porte, et une opération de survie se déclenche alors que les infectés sont de plus en plus nombreux dans les étages. Il ne reste bientôt plus que notre journaliste effrayée avec son cameraman (qu'on ne peut pas tuer sinon qui porterait la caméra ?) qui partent se réfugier dans un appartement, avec un dernier occupant qui se rappelle soudain une sortie potentielle par les égouts ; mai pour cela il faut traverser tout l'immeuble, devenu un véritable traquenard bourré de fous furieux...

Spoiler Alert !

Les psychopathes infestant désormais les lieux empêchent la bonne marche du plan, du coup nos deux derniers survivants s'enferment dans un appartement abandonné au dernier étage ; ils se croient temporairement à l'abri mais ils découvrent un temple dédié à la possession démoniaque. C'est l'instant que le film choisit pour faire ses révélations finales : un homme faisait des recherches sur le virus et aurait enfermé une fille qui porterait la souche originelle ; évidemment nos lascars ouvrent sa cellule par inadvertance et la fille les remercie en les traquant avec un marteau (tout ça dans l'obscurité la plus totale).

Le film se finit par un dernier plan montrant la journaliste se faisant happer hors-champ...

 

Réalisation : Les deux réalisateurs sont surtout connus pour la saga Rec (jusqu'au 4 actuellement). Le film fut promu de manière originale ; pas de bande-annonce mais une caméra filmant des personnes terrifiées dans une salle de cinéma pendant la projection du film. Comme tout found footage qui se respecte, l'accent est principalement mis sur le réalisme du scénario ; fortement inspiré par Projet Blair Witch, la caméra met le spectateur au centre de l'action et ne lui laisse aucun répit pendant toute la durée du film, ne change jamais de main même pendant les flash-back. Les séquences sont donc très longues et filmées en un seul plan ; il ne faut pas se planter de ligne dans le dialogue, c'est d'ailleurs pourquoi les acteurs ont eu une grande liberté d'improvisation, avec un script minimum qui servait d'avantage de fil conducteur (certaines scènes ont été volontairement cachées aux acteurs pour obtenir des réactions plus réalistes).

Le problème majeur reste la recherche excessive de réalisme qui finit par créer des séquences brouillonnes avec une caméra qui s'agite dans tous les sens, et on a parfois du mal à suivre l'action. C'est bien évidemment voulu, mais pas ma tasse de thé...

Le film se met vite en place (1e attaque à 15 min, on isole le bâtiment à 16) et les déboires s'enchaînent rapidement, dont la majeure partie dans l'obscurité une fois les lumières coupées, ça rajoute un niveau d'angoisse pour la spectateur. L'on n'oublie pas bien sûr la traditionnelle vision infrarouge de la caméra embarquée, véritable signature des films à caméra subjective.

 

Bande-son : Toujours par soucis de réalisme, le film ne contient quasiment aucune musique, à part quelques accords d'instruments glauques.

 

Jeu des acteurs/Personnages : Les principaux acteurs ont continué à apparaître dans la saga Rec, avec Manuela Velasco (Rec 2 et 4) et Pablo Rosso (tous les Rec et également directeur photographie des films).

Le jeu d'acteur est plutôt bon, sachant qu'ils improvisaient la plupart du temps pour une meilleure spontanéité (le tournage n'a duré que 20 jours). Pour les personnages, nous avons donc une journaliste naïve et superficielle, quoique déterminée à faire le reportage de sa vie et faire connaître les évènements au grand public, puis un cameraman qui doit avoir 15 lignes de dialogues à tout casser ; heureusement qu'il y a le super pompier qui massacre tout le monde à coups de masse ! Les personnages rentrent progressivement dans une dynamique de folie compréhensible ; ça s'engueule à tour de bras, ça cherche des solutions improbables, ça s'entraide un minimum dans les rares moments de calme...

Seul point qui m'a laissé sur ma faim, les infectés sont un peu décevants ; certes agressifs mais sans violence extrême, on les affronte sans problèmes et ils sont désorganisés (on ne demandait pas des hordes à la Resident Evil mais bon, ça reste moyennement effrayant).

 

Conclusion : Devenu un classique du film d'horreur en caméra subjective, Rec reprend le principe de Projet Blair Witch, à savoir « on filme pour que les gens connaissent un jour la vérité » sans oublier une petite théorie du complot, c'est toujours vendeur. Malgré un bon rythme et une angoisse croissante, le film nous présente des infectés pas forcément crédibles (les persos se faisant stupidement avoir par surprise), et puis la caméra embarquée j'ai vraiment du mal...
Le film connut un remake et sa suite, Quarantine en 2008, avec un scénario légèrement retravaillé mais très similaire.

Les suites : Rec 2 / Rec 3 / Rec 4